Védanta et shivaïsme du Cachemire
Selon Éric Baret* (Seul désir, page 80), dans la manière d’appréhender la vie, l’approche védantique serait exclusive, et l’approche tantrique du shivaïsme du Cachemire serait inclusive.
Dans le védanta, vous n’êtes pas le corps, les sens, l’esprit, vous êtes le connaisseur. Dans le tantrisme, vous êtes également ce qui est connu.
Dans le védanta, vous êtes l’ultime percepteur, le « je suis », et ce qui est perçu n’est pas vous. La perception est vue comme une distraction ou une illusion : elle est inutile.
Dans le tantrisme, la réjouissance des sens est vue comme la voie royale pour la découverte du silence. L’art et la beauté sont très importants, alors que la tradition védantique est plus ascétique.
En appelant leur approche la non-dualité, les védantins sont justement les plus dualistes, puisqu’ils créent une séparation, donc une dualité, entre le contenant et le contenu, entre celui qui perçoit et ce qui est perçu, alors qu’ils sont inséparables et fusionnent dans une même réalité non duelle. Il n’y a plus de séparation entre le relatif et l’absolu, entre le samsara et le nirvana. D’ailleurs, sans le relatif, sans le monde, sans le samsara, l’absolu ne pourrait pas exister. C’est la turbulence de la manifestation qui lui donne son immuable sérénité. C’est au cœur des apparences que se trouve le Divin, et là que se trouve le terrain où l’on peut en faire l’expérience, dans la vie quotidienne que se trouve la véritable et la seule expérience mystique : la vue du dzogchen* et le frémissement tantrique.
* Baret (Éric) (né en 1953) : disciple de Jean Klein, Éric Baret enseigne le shivaïsme tantrique du Cachemire. Il est devenu mon principal maître spirituel depuis notre rencontre en 2002.
* Dzogchen (tibétain) : littér. la grande perfection. Doctrine de l’école nyingma du bouddhisme tibétain, introduite au Tibet au huitième siècle par Padmasambhava. Ses adeptes considèrent le dzogchen comme un enseignement secret du Bouddha et comme le niveau suprême de tous les enseignements bouddhiques.
16 septembre 2017, Cabrières d’Aigues