Bouddhisme et hindouisme
Hier soir, j’ai repris le petit livre d’Ajahn Buddhadasa*, Anatta, pour essayer de mieux comprendre les différences entre la vue bouddhique du non-soi et celle du védanta et de la Bhagavad Gita qui parle d’un Soi, ou de l’atman. Selon Ajahn Buddhadasa, ces deux vues ne seraient pas très différentes. Ce que les bouddhistes appellent le nirvana, les hindous l’appelle l’atman ou le Soi, si bien qu’il est souvent difficile de différencier les deux doctrines. L’atman dont parle la Bhagavad Gita ne naît pas et ne meurt pas, n’apparaît et ne disparaît pas, n’est pas affecté par les problèmes du corps et ne périt pas avec le corps et l’esprit. Il ne peut pas être détruit par les armes, le feu, l’eau ou le vent. Il est éternel, tout puissant, immuable et permanent, non manifesté et inimaginable, il est indestructible et omniprésent, il existe en toute chose et en tous les êtres. Celui qui a conquis le Soi vit dans une totale équanimité et a transcendé toute souffrance. Cela ressemble beaucoup, en effet, au nirvana, l’inconditionné des bouddhistes. Ajahn Buddhadasa cite encore de nombreuses similarités entre les deux doctrines, mais prétend aussi qu’il y aurait toujours, chez les hindous, un attachement et une identification à ce Soi, auxquels le Bouddha demande de renoncer complètement.
Ce que j’aimerais, c’est ne plus être perturbé par les différences qu’il y aurait entre le bouddhisme et l’hindouisme, afin de pouvoir mieux accepter les enseignements de Bentinho* et des autres maîtres de la non-dualité sans les percevoir comme profondément hérétiques ; de pouvoir accepter les similitudes sans rejeter les différences, qui ne sont sans doute pas si importantes que je l’imaginais.
* Buddhadasa (Ajahn) (1906-1993) : ordonné moine à l’âge de vingt ans, Ajahn Buddhadasa fonda en 1932 le monastère de Suan Mokkh, qui fut le premier monastère de la forêt dédié à la méditation dans le sud de la Thaïlande. Son dernier projet, dans les années 1980, fut d’établir à Suan Mokkh un centre international de Dharma qui organise régulièrement des cours et des séminaires sur le bouddhisme et des retraites de méditation. Ajahn Buddhadasa fut, avec Ajahn Chah, un des maîtres thaïlandais les plus influents du vingtième siècle. J’ai eu la chance de suivre son enseignement de 1988 à 1993.
* Bentinho Massaro : maître spirituel de la non-dualité. D’origine hollandaise, il vit et enseigne aux États-Unis.
20 novembre 2017, Chiang Mai